samedi 20 septembre 2014

Traduction S4 (10) – Syntaxe du français

Les problèmes de syntaxe représentent l’écueil le plus difficile à éviter, et ce au prix de beaucoup de pratique et d’une excellente « oreille » de la langue, autrement dit la capacité à discerner si une phrase n’est pas composée dans la bonne tonalité ou si elle comporte des fausses notes.

1. Niveau de langue
Très souvent — sauf pour les dialogues, par exemple, mais ce cas ne vous concerne a priori pas —, le français s’écrit à un niveau de langue supérieur à celui de l’anglais : syntaxe plus complexe, tournures plus « littéraires », termes plus abstraits. Vous devez donc ne pas hésiter à relever le niveau de langue lors du passage au français, faute de quoi votre traduction aura l’air enfantine, surtout si le texte exprime des idées plutôt que des faits.
En particulier, on n’utilisera qu’à très petites dose les verbes être, avoir, dire et faire, trop banaux en français.

2. Répétitions
Contrairement à l’anglais, le français ne supporte pas les répétitions, et ce jusque dans la syntaxe, car elles sont réputées dénoter un manque de culture voire d’instruction. Voici quelques remèdes :
  • Utilisation effective des pronoms (il, elle, bien sûr, mais aussi celle-ci, ce dernier, etc.)
  • Synonymes. Si vous cherchez la traduction d’un terme anglais dans un dictionnaire, profitez-en pour noter les synonymes français qu’il indique et, le cas échéant, n’hésitez pas à vous en servir.
  • Eviter le parallélisme syntaxique. Il s’agit, par exemple, de faire varier la place des compléments dans une proposition, ce qui est d’ailleurs plus facile en français qu’en anglais, et ne pas hésiter, selon le cas, à placer en début de phrase, pour le mettre en relief, un complément qui ne l’est pas en anglais.
  • A l’inverse, les textes auxquels vous serez confrontés comportent de par leur nature même des termes techniques qui n’ont pas de synonymes et qu’on ne peut donc parfois pas éviter de répéter, ne serait-ce que parce qu’un synonyme paraîtrait ridicule.


3. A éviter aussi (en vrac)
Bien qu’elles ne soient pas absolument proscrites, les tournures suivantes sont, autant que faire se peut, à éviter en français — alors qu’elle sont justement mieux acceptées voire largement plus utilisées en anglais :
  • Participes présents et gérondifs. Ils sont jugés lourds en français. On leur préférera une forme conjuguée », surtout en début de phrase. Exemple : « Ayant chanté tout l’été…» → « La cigale, qui avait chanté tout l’été…»
  • Passifs. Eux aussi sont jugés lourds en français. Si possible on passera à la voie active. Exemple : 1) « Ils ont été examinés par le médecin » → « Le médecin les a examinés » ; 2) « Ils ont été examinés » → « On les a examinés ».
  • Conjonction de coordination mais en début de phrase.
  • Certains nombres en chiffres. Exemples : « En ce moment, j’ai la charge de quatre patients », mais « Cet hôpital compte trois mille lits » aussi bien que « « Cet hôpital compte 3 000 lits » (dans le second cas, s’il y a d’autres statistiques, par exemple).
  • Ruptures de construction. Exemples fautifs : « Après avoir déjeuné, le téléphone sonna », « Epuisés par cette longue journée, le bateau nous ramène au port », « Jean est pauvre et dans un petit bois ».


3. « Chevilles »
Les « chevilles » sont toute une série de mots ou de locutions qui permettent d’articuler un texte et d’expliciter sa logique interne, pour exprimer par exemple la conséquence (donc), l’opposition (néanmoins, cependant, pourtant, en revanche, etc.), un balancement (d’une part… d’autre part), une confirmation (en effet) ou une explicitation (autrement, c’est-à-dire). On les appelle aussi « marqueurs discursifs » ou « de structuration », « adverbes connecteurs », « particules discursives ou énonciatives », « ponctuants », « charnières » ou encore « petits mots ». 
Il s’agit des liens logiques que relient entre elles les idées développées. Or ces liens sont la plupart du temps absents en anglais, mais quasiment obligatoires en français : Descartes était français, pas anglais et, de par l’accent mis sur la logique dans l’enseignement en France, au travers, par exemple, des mathématiques comme du plan imposé pour l’exercice de la dissertation (introduction, thèse / antithèse / synthèse, conclusion), il nous est sinon pénible de lire un texte où ces chevilles sont absentes, du moins cette lecture nous paraît plus aisée lorsqu’ils sont présents.
Par conséquent — tiens, en voilà une, de cheville ! —, il est indispensable de les rétablir dans une traduction, ce qui suppose, évidemment, de comprendre la logique du texte et qui n’est pas sans rappeler le compte rendu S5.

 
4. Manipulations
En traduction, la manipulation des phrases est non seulement souhaitable mais vitale, qu’il s’agisse d’employer les indispensables procédés de traduction oblique déjà abordés ou d’éviter le parallélisme syntaxique (cf. point 2 supra). Elle est heureusement facilitée par une plus grande souplesse de la syntaxe du français par rapport à l’anglais, qui se traduit dans cette langue par une structure de phrases largement plus linéaire.
En l’occurrence, « all is fair in love and translation » : sont admises toutes les « manipulations » quelles qu’elles soient, qui, sans pour autant trahir le texte source, permettent de parvenir à un résultat plus proche du mode naturel d’expression en français.


5. Exercices
Je vous suggère, sur une page Web distincte, toute une série d’exercices pour éviter les erreurs de syntaxe, mais aussi pour vous entraîner à manipuler des phrases.
Un bon moyen de s’entraîner à la traduction, comme je l’ai déjà dit, consiste aussi à corriger des textes écrits ou traduits par d’autres, ce que vous propose également cette page.

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