samedi 6 septembre 2014

Traduction S4 (6) – Ce qu’il ne faut pas faire

Il s’agit toujours de méthodologie, bien entendu, mais, je me positionne ici a contrario de mes deux précédents billets. De plus, vous l’avouerez, « Ce qu’il ne faut pas faire » est quand même plus accrocheur…
Si certaines erreurs sont d’évidence à éviter en traduction, d’autres sont en revanche plus subtiles, mais relèvent néanmoins du bon sens. Dans tous les cas, si vous hésitez entre deux parti-pris de traduction, appliquez toujours ce même bon sens.

1. Plusieurs traductions ou aucune
Rien n’est plus agaçant pour le correcteur que de trouver dans une copie plusieurs traductions d’un mot ou d’une expression : ce n’est pas à lui ou à elle de choisir, c’est à vous.
A l’oral, en revanche, certains correcteurs verront d’un bon œil que vous moduliez votre traduction — à condition qu’elles soient toutes justes, évidemment : vous avez compris qu’il n’existe pas qu’une seule traduction et vous le montrez ; vous explicitez votre cheminement intellectuel ; vous affichez votre maîtrise du français.
De même, si vous hésitez sur une traduction, ne laissez surtout pas l’anglais et ne montrez pas votre hésitation (avec un point d’interrogation entre parenthèses, par exemple). Il faut proposer une traduction et l’assumer ; c’est le but du jeu.

2. Omission
Le référentiel prévoit la traduction d’un texte de 300 mots environ. C’est un minimum pour n’importe quel texte qui n’est pas une simple notice, autrement dit qui explique, qui donne un avis ou qui rend compte. Il ne faut donc pas « oublier » (volontairement ou non) de traduire un mot, une expression, une phrase ou un paragraphe, pour quelque motif que ce soit : le correcteur aurait toutes les raisons de vous sanctionner lourdement.



3. Ajouts
Dans votre traduction, n’ajoutez aucune information qui ne figure pas dans le texte original, sauf si elle est nécessaire ou utile à sa compréhension (fait culturel, par exemple). Vous n’avez pas à interpréter le texte au-delà des informations qu’il fournit.

4. Faux-sens
C’est une déviation du sens d’un mot, d’une expression ou d’une phrase. Il s’agit, par exemple, de tomber dans le piège d’un faux ami. Etant donné que l’exercice de la version doit démontrer votre compréhension du texte, évitez tout faux-sens, quitte à donner une traduction maladroite. En particulier, prenez garde aux faux-amis.

5. Contresens
Il s’agit de l’erreur de traduction la plus grave puisque vous dites ou écrivez le contraire de ce que signifie le texte, vous en prenez le contrepied. Imaginez que, travaillant dans un service hospitalier, vous traduisiez un texte comportant par exemple des consignes à respecter et que votre traduction indique l’opposé de ce qu’il faut faire. Vous comprendrez que c’est dangereux.

6. Utilisation du passé simple
En français, aujourd’hui, l’usage du passé simple est strictement réservé aux textes littéraire. Il n’a absolument pas sa place dans la traduction d’un texte journalistique ou technique. En l’utilisant, vous démontreriez que vous lisez tellement peu d’articles en français relatif à la santé que vous ne vous en êtes même pas aperçu·e.


7. Prendre le texte pour argent comptant
Surtout depuis l’avènement de l’Internet, tout le monde et son voisin se targue soudain d’écrire pour être lu, et on trouve quantité de prose rédigée par des gens qui n’ont pas appris à écrire. Même si c’est peut-être moins vrai en anglais qu’en français — les cours d’écriture sont plus courants aux Etats-Unis, par exemple — et même si le sujet de votre évaluation aura été, il faut l’espérer, choisi sans anomalies, vous y trouverez peut-être des coquilles, des erreurs de syntaxe voire des problèmes de logique. Il s’agit, après tout, d’un texte dit « authentique », y compris dans le sens de « brut de décoffrage ». Ne reprenez pas ces défauts dans votre traduction, ne tombez pas dans le piège qu’ils peuvent vous tendre et signalez-les éventuellement si l’épreuve est orale.



Dans l’esprit de « ce qu’il ne faut pas faire » en traduction, pour rire un peu (jaune, en fait), n’hésitez pas à consulter la page Facebook « Traductions de merde », dont les publications m’amusent toujours beaucoup et qui sont de parfaits exemples de catastrophes traductologiques, sans doute produites la plupart du temps par un système de traduction automatique.

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