dimanche 28 septembre 2014

Traduction S4 (13) – Autres exemples

De même que pour le compte rendu en S5, la traduction est un exercice complexe, pour lequel, en dehors des généralités, le processus d’élaboration est difficilement descriptible dans le cas d’un texte précis. Sinon, vous pensez bien que les Google Translate et autres Bing Translator s’en sortiraient beaucoup mieux. Analyser des traductions réalisées par d’autres n’a donc qu’un intérêt limité et ne vous apprendra guère à le faire vous-même.
De même que « c’est en forgeant qu’on devient forgeron », c’est uniquement en s’exerçant à la traduction qu’on devient un bon traducteur, et la théorie trouve très vite ses limites.

Si vous souhaitez néanmoins lire ou analyser des traductions bien faites, je vous conseille celles de l’OMS (WHO pour World Health Organization en anglais). J’en ai en effet parcouru plusieurs et, compte tenu du fait qu’une traduction est toujours perfectible, que les textes de l’OMS n’ont pas vocation littéraire ni marketing et qu’ils sont sans doute à traduire rapidement pour coller à la publication de la version en anglais, ils constituent cependant des exemples fiables.

Voici comment faire :
  1. Trouvez un article qui vous intéresse : rendez-vous sur la page d’accueil EN du site de l’OMS ou bien sur la page de sommaire EN « Health topics » (« Thèmes de santé »).
  2. S’il existe une traduction de l’article en FR, le français s’inscrit en bleu dans la liste des langues, en haut à droite. Dans le cas contraire, le français s’inscrit en gris.
  3. Si la traduction FR existe, faites un clic droit sur le lien « Français » et, dans le menu contextuel qui s’affiche, choisissez « Ouvrir dans une nouvelle fenêtre ». Vous avez ainsi les deux versions côte à côte.
  4. Pour une analyse approfondie, je vous conseille d’ouvrir un document Word vierge, de créer un tableau à deux colonnes et de copier-coller chaque paragraphe EN dans une rangée (de gauche) différente, puis de copier-coller la traduction FR dans la colonne de droite, paragraphe par paragraphe, de façon à ce que chaque paragraphe EN soit bien en face de sa traduction FR. Attention aux traductions où le découpage en paragraphes serait différent. (Ça arrive et c’est normal : voir exemple ci-dessous.)
Exemple :

[…]
[…]
Health sector response
Action du secteur de la santé
A mission briefing with representatives from Member States was held on 5 August at the World Health Organization (WHO). Information about the nature of Ebola virus disease (EVD) was highlighted. This was followed by outlining the essential components for control, including the need for national leadership, improved care and case management, identifying transmission chains and stopping disease spread, and preventing further outbreaks. Among the critical issues are: cross-border infections and travelers; partners reaching the limits of their capacity and ability to respond rapidly, safely, and effectively; and concerns about the socio-economic impact of continued transmission.

Virus Ebola

Une séance d’information à l’intention des missions avec des représentants des États Membres s’est tenue le 5 août à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en mettant en exergue la nature de la maladie à virus Ebola. Les éléments essentiels de la lutte ont ensuite été décrits, notamment la nécessité d’un leadership national, d’améliorer les soins et la prise en charge des cas, d’identifier les chaînes de transmission et d’interrompre la propagation de la maladie, ainsi que d’éviter de nouvelles flambées.

Parmi les problèmes critiques, on note ceux posés par les infections transfrontalières et les voyageurs ; le fait que les partenaires atteignent les limites de leurs capacités et de leurs aptitudes pour répondre rapidement, efficacement et avec sécurité ; et les inquiétudes à propos de l’impact socio-économique qu’à la poursuite de la transmission.
[…]
[…]
Corps du texte : 95 mots.
Corps du texte : 134 mots.

J’ai choisi cet exemple car il est en corrélation avec l’un de mes précédents billets.

samedi 27 septembre 2014

Traduction S4 (12) – Exemple 1

Pour cet exemple, j’ai choisi de partir d’une traduction existante imparfaite —pour ne pas dire mauvaise —, trouvée sur Wikipédia et que j’ai déjà utilisée pour mon billet sur les traducteurs automatiques en ligne, afin de vous montrer comment la réviser/corriger.


Original anglais
Original Wikipédia
Version Wikipédia révisée
One thing though: This story is a great demonstration of my maxim that any headline which ends in a question mark can be answered by the word “no”. The reason why journalists use that style of headline is that they know the story is probably bullshit, and don’t actually have the sources and facts to back it up, but still want to run it.

(64 mots)
Voici une grande démonstration de ma maxime, comme quoi tout titre d'article qui finit par un point d'interrogation peut être répondu par le mot "non". Si des journalistes utilisent ce genre de titres, c'est parce qu'ils savent que leur sujet ne vaut pas tripette, et qu'ils n'ont en fait pas les sources et les faits pour l'étayer, en s'y accrochant malgré tout.

(62 mots)
Ce sujet est une superbe démonstration de ma maxime qui veut que, pour tout article dont le titre se termine par un point d’interrogation, on puisse répondre par la négative à la question ainsi posée. Si les journalistes emploient ce genre de titres interrogatifs, c’est qu’ils savent que leur sujet n’est sans doute que de la foutaise et qu’ils ne disposent en réalité ni des sources, ni des faits pour l’étayer, mais qu’ils n’en veulent pas moins le publier.

(79 mots)

Code couleurs
  • Surlignage en jaune dans l’original anglais : les difficultés inhérentes à ce passage.
  • En rouge dans la traduction originale Wikipédia : ce qu’il faut absolument modifier.
  • En orange dans la traduction originale Wikipédia : ce qu’on peut améliorer.
  • En vert dans la traduction révisée : les points essentiels sur lesquels a porté le travail de révision.
Commentaires
  1. Le fait que la traduction originelle soit très sensiblement de même longueur que l’anglais (62 et 64 mots respectivement) est déjà suspect.
  2. Traduire l’adjectif great par « grand(e) » ne permet pas d’obtenir la bonne connotation. Dans un autre contexte, on aurait pu le rendre par « célèbre », mais il paraîtrait prétentieux que Ian Betteridge qualifie lui-même ainsi sa propre démonstration.
  3. L’expression « comme quoi » appartient au langage parlé. A la place de « qui veut que », on aurait aussi pu employer « en vertu de laquelle ».
  4. Le passif « tout titre d’article […] peut être répondu par non » rend la phrase absolument incorrecte, ne serait-ce que parce qu’on ne répond pas « un article » (COD), mais « à un article » (COI).
  5. Si l’anglais dit volontiers « to answer no » ou « to answer yes », en bon français on dit « répondre par la négative » et « par l’affirmative » respectivement.
  6. Par ailleurs, il semble indispensable en français de préciser « à la question ainsi posée ».
  7. Les verbes utiliser et avoir sont plats. Mieux vaut utiliser des verbes plus recherchés, par exemple employer et disposer de respectivement.
  8. Les journalistes « savent que leur sujet ne vaut pas tripette ». L’adverbe probably dans l’anglais n’a pas été rendu. De plus, l’expression « ne pas valoir tripette », même si elle appartient à un langage plus formel que bullshit (« connerie »), assez vulgaire, reste non seulement en deçà du niveau de langue à atteindre en français, mais n’est qu’une traduction approximative. Le mot foutaise, d’une vulgarité en fait très littéraire, convient beaucoup mieux.
  9. L’expression « en s’y accrochant » n’est pas du tout synonyme de « [they] want to run it » et ne traduit que want.
  10. La révision « ils n’en veulent pas moins le publier » pour « [they] still want to run it » colle parfaitement à l’anglais, mais « ils ne s’en entêtent pas moins » aurait sans doute été meilleur.
  11. Vous noterez l’ajout des charnières ainsi et ne … pas moins.

« Le français, je le parle très mieux que vous...
et je vous merde ! » (Coluche)
Conclusion
Vous avez vu le travail à réaliser sur la traduction d'un texte d’à peine de 64 mots anglais — par quelqu’un qui a eu l’aplomb de la publier sur une encyclopédie (participative certes, mais quand même).
J’ai ainsi compté pas moins de sept corrections. Sachant 1) que le texte que vous aurez à traduire comptera, selon la durée de l’épreuve et la gentillesse de celui ou celle qui en fournit le sujet, de 150 à 300 mots et 2) que le décompte des mots sera donc en français de 165 à 375 en vertu du principe de foisonnement, petit exercice de calcul de dose : combien de passages de votre traduction votre correcteur aura-t-il potentiellement l’occasion de souligner d’un trait ondulé rouge ou de barrer rageusement ?
Tout ça pour redire une fois de plus que la traduction est un exercice difficile, qui n’est pas à prendre à la légère, qui exige un grand sens (auto-)critique et auquel il faut s’exercer.

mercredi 24 septembre 2014

Traduction S4 (11) – Typographie du français

Les principes généraux énoncés ci-dessous sont évidemment surtout valables pour un texte saisi sur ordinateur, mais certains sont applicables aussi aux copies manuscrites. Ils vous seront donc encore plus utiles en S6, pour votre TFE. Vous en trouverez le détail sur une page Web distincte, qui aborde aussi le cas de l’italique, de la capitalisation et du trait d’union.

1. Rejet à la ligne
Il ne faut pas que soient rejetés à la ligne, notamment :
  • la ponctuation séparée du mot précédent par un espace (sauf tirets) ;
  • un élément d’un tout indissociable, par exemple a priori et les unités de mesure (37,5 °C, par exemple).
  • A la main, si vous ne connaissez pas les règles de césure du français, ne la pratiquez pas.
On évite les retours à la ligne grâce à l’espace insécable. Plus de détails ici.

2. Marges
Certains disent que, pour une lettre par exemple, la largeur des marges est proportionnelle au degré de respect accordé au lecteur. Comme vous ne voudriez pas que votre correcteur vous trouve irrévérencieux/se et aussi tout simplement afin de lui ménager de la place pour ses annotations, laissez-lui des marges confortables. Sous traitement de textes, un nouveau fichier s’ouvre avec des marges standards et vous n’avez pas vraiment de raisons d’y toucher.

3. Taille des caractères et police
A la main comme sous traitement de textes, évitez aussi bien les caractères trop petits que trop grands.
Pour la police, évitez les fontes « exotiques », mais, sauf en cas de consigne contraire, libre à vous de choisir une police sérif (Times, par exemple) ou sans sérif (Arial, par exemple).

4. Ponctuation : le cas de la virgule
Sont encadrés de part et d’autres d’une virgule tous les segments qui, si on les supprimait, n’en laisseraient pas moins une phrase syntaxique, autrement dit qui aurait un sens — sachant que la seconde virgule peut être en l’espèce un point, un deux-points, un point-virgule, etc. L’exemple le plus net est celui de l’incise : « Mais, madame, dit l’infirmière, de quelle façon vous êtes-vous si gravement blessée ? », mais aussi « Leurs patients, et elles en avaient beaucoup, étaient tous endormis. ».
Pour le cas particulier de la virgule qui doivent ou non encadrer une proposition relative, voir ici.

5. Majuscules accentuées
A la main, il n’est pas d’usage, en France, d’accentuer les majuscules et, comme il était difficile aussi de le faire sur machine à écrire, cette accentuation était réservée à l’imprimerie. Avec l’avènement du traitement de textes, on n’a cependant plus d’excuses de ne pas accentuer les capitales.
En pratique, néanmoins, on ne le fait pas dans les courriers et les courriels ni, plus généralement, dans les supports de communication courante, y compris sur le Net. En revanche, cette accentuation paraît obligatoire :
  • dans un TFE S6 et, dans une moindre mesure, pour une traduction S4 ;
  • pour les mots ou segments plus longs tout en capitales, afin d’en faciliter la lecture et d’éviter les confusions. (Un panneau indiquant « SALLE DE CONGRES » invite-t-il à acheter du poisson ?)

A noter qu’il est possible de n’accentuer que certaines lettres (É, È…), mais je le déconseille et mieux vaut appliquer la règle du tout ou rien.
Pour rester au chapitre des capitales, il est obligatoire d’utiliser, le cas échéant, l’e dans l’o majuscule (Œ) ainsi que le c cédille majuscule (Ç) : ainsi, notre langue est le FRANÇAIS et non pas le FRANCAIS.

6. Trucs est astuces
  • Afin de voir ce que vous faites, paramétrez votre traitement de textes pour qu’il affiche tous les « caractères non imprimables » (dans les Préférences d’affichage de MS Word pour certaines versions de ce logiciels, par exemple). Il s’agit des espaces, des tabulations et des marques de paragraphe ainsi que, le cas échéant, des traits d’union insécables ou conditionnels.
  • Avec un traitement de textes, on peut désormais utiliser les guillemets français (« ») et l’apostrophe (’) typographiques (par opposition à " et ') et il faut absolument le faire. Heureusement, MS Word s’en charge tout seul — et ajoute les espaces insécables là où il faut pour les guillemets. Il suffit de le paramétrer pour le faire (Format > Insertion automatique dans certaines versions).
  • Avec la fonction MS Word de changement de la casse, pour capitaliser tout un mot, une locution ou une phrase en conservant l’accentuation, il faut au préalable modifier le paramètre de langue de « Français » à « Français (Canada) ». Microsoft a en effet décidé tout seul que les capitales n’étaient pas accentuées en France, mais qu’elles l’étaient au Québec. (Il est vrai que les Québécois insistent beaucoup là-dessus.)
  • Surtout sous Windows (par opposition à Mac OS), certains caractères ne sont pas sur le clavier, dont les capitales accentuées. On y a certes accès via le menu des Caractères spéciaux, mais, quand on les emploie beaucoup, il peut être intéressant de pouvoir les saisir au clavier. Or tous les caractères ASCII peuvent se taper en maintenant enfoncée la touche ALT et en tapant trois chiffres. Vous trouverez une table de correspondance ici


7. Référence
Si la typographie vous intéresse ou bien si, plus simplement, vous souhaitez éviter les erreurs dans ce domaine, la référence la plus connue (code typographique) et celle qui fait autorité est le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale.

dimanche 21 septembre 2014

Florence Nightingale, la plus célèbre des infirmières

Je vous propose de découvrir Florence Nightingale (1820-1910), la plus célèbre des infirmières, héroïne de la guerre de Crimée (1853-1856), pionnière anglaise des soins infirmiers modernes et de l’utilisation des statistiques dans le domaine de la santé. Elle a notamment consacré sa vie à faire campagne en vue de l'adoption et du développement de programmes de formation des infirmières,  ouvrant ainsi une nouvelle profession aux femmes. On l’a surnommée « la Dame à la lampe », car c'est ainsi qu’elle visitait les blessés la nuit pour les réconforter.


A lire et à regarder


samedi 20 septembre 2014

Traduction S4 (10) – Syntaxe du français

Les problèmes de syntaxe représentent l’écueil le plus difficile à éviter, et ce au prix de beaucoup de pratique et d’une excellente « oreille » de la langue, autrement dit la capacité à discerner si une phrase n’est pas composée dans la bonne tonalité ou si elle comporte des fausses notes.

1. Niveau de langue
Très souvent — sauf pour les dialogues, par exemple, mais ce cas ne vous concerne a priori pas —, le français s’écrit à un niveau de langue supérieur à celui de l’anglais : syntaxe plus complexe, tournures plus « littéraires », termes plus abstraits. Vous devez donc ne pas hésiter à relever le niveau de langue lors du passage au français, faute de quoi votre traduction aura l’air enfantine, surtout si le texte exprime des idées plutôt que des faits.
En particulier, on n’utilisera qu’à très petites dose les verbes être, avoir, dire et faire, trop banaux en français.

2. Répétitions
Contrairement à l’anglais, le français ne supporte pas les répétitions, et ce jusque dans la syntaxe, car elles sont réputées dénoter un manque de culture voire d’instruction. Voici quelques remèdes :
  • Utilisation effective des pronoms (il, elle, bien sûr, mais aussi celle-ci, ce dernier, etc.)
  • Synonymes. Si vous cherchez la traduction d’un terme anglais dans un dictionnaire, profitez-en pour noter les synonymes français qu’il indique et, le cas échéant, n’hésitez pas à vous en servir.
  • Eviter le parallélisme syntaxique. Il s’agit, par exemple, de faire varier la place des compléments dans une proposition, ce qui est d’ailleurs plus facile en français qu’en anglais, et ne pas hésiter, selon le cas, à placer en début de phrase, pour le mettre en relief, un complément qui ne l’est pas en anglais.
  • A l’inverse, les textes auxquels vous serez confrontés comportent de par leur nature même des termes techniques qui n’ont pas de synonymes et qu’on ne peut donc parfois pas éviter de répéter, ne serait-ce que parce qu’un synonyme paraîtrait ridicule.


3. A éviter aussi (en vrac)
Bien qu’elles ne soient pas absolument proscrites, les tournures suivantes sont, autant que faire se peut, à éviter en français — alors qu’elle sont justement mieux acceptées voire largement plus utilisées en anglais :
  • Participes présents et gérondifs. Ils sont jugés lourds en français. On leur préférera une forme conjuguée », surtout en début de phrase. Exemple : « Ayant chanté tout l’été…» → « La cigale, qui avait chanté tout l’été…»
  • Passifs. Eux aussi sont jugés lourds en français. Si possible on passera à la voie active. Exemple : 1) « Ils ont été examinés par le médecin » → « Le médecin les a examinés » ; 2) « Ils ont été examinés » → « On les a examinés ».
  • Conjonction de coordination mais en début de phrase.
  • Certains nombres en chiffres. Exemples : « En ce moment, j’ai la charge de quatre patients », mais « Cet hôpital compte trois mille lits » aussi bien que « « Cet hôpital compte 3 000 lits » (dans le second cas, s’il y a d’autres statistiques, par exemple).
  • Ruptures de construction. Exemples fautifs : « Après avoir déjeuné, le téléphone sonna », « Epuisés par cette longue journée, le bateau nous ramène au port », « Jean est pauvre et dans un petit bois ».


3. « Chevilles »
Les « chevilles » sont toute une série de mots ou de locutions qui permettent d’articuler un texte et d’expliciter sa logique interne, pour exprimer par exemple la conséquence (donc), l’opposition (néanmoins, cependant, pourtant, en revanche, etc.), un balancement (d’une part… d’autre part), une confirmation (en effet) ou une explicitation (autrement, c’est-à-dire). On les appelle aussi « marqueurs discursifs » ou « de structuration », « adverbes connecteurs », « particules discursives ou énonciatives », « ponctuants », « charnières » ou encore « petits mots ». 
Il s’agit des liens logiques que relient entre elles les idées développées. Or ces liens sont la plupart du temps absents en anglais, mais quasiment obligatoires en français : Descartes était français, pas anglais et, de par l’accent mis sur la logique dans l’enseignement en France, au travers, par exemple, des mathématiques comme du plan imposé pour l’exercice de la dissertation (introduction, thèse / antithèse / synthèse, conclusion), il nous est sinon pénible de lire un texte où ces chevilles sont absentes, du moins cette lecture nous paraît plus aisée lorsqu’ils sont présents.
Par conséquent — tiens, en voilà une, de cheville ! —, il est indispensable de les rétablir dans une traduction, ce qui suppose, évidemment, de comprendre la logique du texte et qui n’est pas sans rappeler le compte rendu S5.

 
4. Manipulations
En traduction, la manipulation des phrases est non seulement souhaitable mais vitale, qu’il s’agisse d’employer les indispensables procédés de traduction oblique déjà abordés ou d’éviter le parallélisme syntaxique (cf. point 2 supra). Elle est heureusement facilitée par une plus grande souplesse de la syntaxe du français par rapport à l’anglais, qui se traduit dans cette langue par une structure de phrases largement plus linéaire.
En l’occurrence, « all is fair in love and translation » : sont admises toutes les « manipulations » quelles qu’elles soient, qui, sans pour autant trahir le texte source, permettent de parvenir à un résultat plus proche du mode naturel d’expression en français.


5. Exercices
Je vous suggère, sur une page Web distincte, toute une série d’exercices pour éviter les erreurs de syntaxe, mais aussi pour vous entraîner à manipuler des phrases.
Un bon moyen de s’entraîner à la traduction, comme je l’ai déjà dit, consiste aussi à corriger des textes écrits ou traduits par d’autres, ce que vous propose également cette page.

mercredi 17 septembre 2014

Traduction S4 (9) – Orthographe et grammaire du français

Je l’ai déjà dit, la version est avant tout un exercice sur le français. Il s’agit essentiellement d’un travail sur la forme. J’ai donc jugé qu’il n’était pas inutile de vous donner quelques règles et principes de rédaction dans notre langue. Ceux-ci vous serviront également en S6, pour votre travail de fin d’études (TFE).
Pourquoi ? Chaque faute d’orthographe ou de grammaire, chaque répétition, chaque phrase ou partie de phrase bancale voire chaque erreur de typographie risque d’arrêter l’œil du correcteur et donc de l’agacer, quand bien même votre traduction prouverait que vous avez compris le texte. A l’inverse, une prose fluide, exempte de défauts dans sa forme, qui se lit sans anicroches, a toutes les chances de dissimuler les défauts qu’elle comporterait par ailleurs : plus l’œil du correcteur va s’arrêter sur la forme, plus il aura d’occasions de remarquer les défauts de fond.
Bien entendu, soigner votre orthographe ne se limite pas à vos études.

Voici les fautes qui ont toutes les chances d’agacer le plus le correcteur :
  • Accords. Vous l’avez appris, vous le savez, les adjectifs s’accordent en genre et en nombre avec les substantifs dont ils dépendent et les verbes sont à conjuguer au pluriel quand le sujet l’est aussi. Honnêtement, est-ce plus compliqué que de faire une piqûre ?
  • Participes passés. Les modalités d’accord du participe passé après les auxiliaires être et avoir représentent l’une des difficultés les plus épineuses du français. Elles ne sont pourtant pas hors de votre portée, et un accord de ce type vous vaudra sans doute, s’il est juste, la bienveillance du correcteur. A contrario, le correcteur pourrait interpréter les erreurs de ce type comme votre incapacité à apprendre une procédure (ici, une règle de grammaire à appliquer) et à la mettre en œuvre, ce qui est, vous l’avouerez, gênant pour un·e futur·e infirmier/ère.
  • Accents. Vous le savez sans doute, une erreur sur les couple [a, à] et [ou, où] est considérée comme une erreur de grammaire, donc comme une faute grave. Pour l’accentuation des e (aigus ou graves : é vs. è), si vous hésitez, évitez de tricher avec un ē (avec macron) : ça se voit. Les fautes d’accentuation qui vous seront le plus facilement pardonnées sont celles qui font intervenir l’accent circonflexe.

Fautes en vrac
Du général au particulier pour ce qu’il ne faut pas faire, Le Parisien a établi « Le top 10 des fautes de français » et un bloggeur a recensé « les 77 fautes d'orthographe les plus courantes dans les CV et les lettres de motivation ». Si vous appréciez ce genre de florilèges, je vous conseille aussi les pages « Quelques fautes de français fréquentes » et « Quelques fautes courantes de français ».

Révisions
Je vous propose des ressources pour réviser l’orthographe et la grammaire du français, en particulier l’accord du participe passé.

Correcteurs orthographiques et grammaticaux
A lire aussi : « Méfiez-vous des correcteurs d’orthographe » (article du Parisien).
La plupart du temps, j’imagine, vous devrez rédiger votre traduction à la main lors de l’épreuve — ce qui n’est pas très judicieux puisque vous écrirez essentiellement sur ordinateur durant vos stages et un fois en poste. Au cas où ce ne serait pas le cas ainsi que pour vos éventuels exercices chez vous, n’oubliez pas de faire usage du correcteur orthographique et grammatical de votre traitement de textes, en le paramétrant pour qu’il repère les (éventuelles) erreurs au fur et à mesure de la frappe.
La correction automatique a notamment l’avantage de modifier sans intervention de votre part oe en œ (e dans l’o), comme dans cœur, manœuvre, etc. Cette ligature particulière au français, dans sa version minuscule comme majuscule (Œ), doit toujours s’écrire sous la forme d’un seul et même caractère.   
Attention cependant aux corrections automatiques non sollicitées : si l’on peut apprécier qu’un correcteur change de lui-même une minuscule en capitale en début de phrase, on se méfiera néanmoins des corrections automatiques sauvages, effectuée sans prévenir, car on risque vraiment de ne pas les voir. (Le correcteur de MS Word aime bien faire cette plaisanterie de temps à autres.)
 
Si cet outil est effectivement un life-saver, n’oubliez cependant pas qu’il ne dispense aucunement de connaître l’orthographe et, surtout, la grammaire : il ne faut considérer les corrections qu’il vous propose que comme des propositions, le cas échéant à rejeter. Pensez aussi qu’en grammaire, particulièrement, il est loin de tout voir. Ce qui nous amène au point suivant :
 

Relecture
Que votre traduction finalisée soit manuscrite ou « tapuscrite », il faut absolument la relire au moins deux fois : une fois pour l’orthographe et grammaire ; une seconde fois pour le sens et la syntaxe.
De plus, si vous travaillez sur ordinateur, il faut impérativement faire au moins une relecture sur impression papier, car on voit beaucoup moins les défauts d’un texte sur écran.

dimanche 14 septembre 2014

Articles Santé sur le Web : GomerBlog

Ce billet en complète un précédent (« Vos passions sur le Net ») de la série « L’immersion en restant chez soi ».

Vous connaissez peut-être les sites The Onion (EN) et Le Gorafi (FR), qui publient des articles satiriques ou des pastiches. En bien sachez que leur équivalent dans le domaine de la santé existe en anglais : GomerBlog.

Ce site publie des articles à ce point « plus vrais que nature » que je suis tombé dessus depuis un autre, qui en référençait un des articles sans apparemment s’apercevoir qu’il s’agissait d’un « fake ». (N’est-ce pas d’ailleurs une politicienne française qui réagissait, en le prenant pour argent comptant, à un article du Gorafi ?) C’est dire que GomerBlog (article Wikipedia) a toutes les qualité requises, en y ajoutant celle de l’humour, pour devenir pour vous l’un de vos « sites de chevet », à lire pour le plaisir, mais aussi pour vous entraîner aux épreuves S4 et S5. Il comporte même une rubrique « Nursing ».

Pour compléter cette présentation, j’ai choisi deux articles sur des situations que ceux et celles d’entre vous qui ont déjà effectué un stage aux Urgences ont peut-être vécues :



Un lien vers ce site figure en permanence dans la marge droite de ce blog, à la rubrique « Références : lectures ».


* BS = bullshit ; ED = Emergency Department.

samedi 13 septembre 2014

Traduction S4 (8) – Principes pratiques

Au travers de ce billet, je vous propose d’aborder quelques principes pratiques en matière de traduction.

1. Foisonnement
Le terme foisonnement renvoie au fait qu’une traduction est presque systématiquement plus longue que l’original, que ce soit en nombre de mots (wordcount en anglais) ou de signes. En l’occurrence, cette augmentation peut aller jusqu’à 25 % de l’anglais vers le français, du moins en théorie, et se situe rarement en dessous de 15 %.
On pourrait donc imaginer qu’une traduction dans le sens inverse, c’est-à-dire du français vers l’anglais soit plus courte. Or il n’en est rien, puisqu’on table alors sur un taux foisonnement de 10 à 15 %.
Quelle importance pour vous ? Ce que vous devez retenir, c’est que, si votre traduction vous semble plus longue que l’original, voire trop longue, c’est normal et, que si elle ne l’était pas, c’est que quelque chose clocherait.
Et comment ça se fait ? Comme le montre l’exemple de la traduction du français vers l’anglais, il semble que le simple passage d’une langue à une autre rallonge le texte. On constatera aussi que le français a tendance à « s’écouter parler » et qu’un discours plus verbeux en français, qui prend son temps, n’est pas un défaut, mais plutôt une qualité. Ce phénomène est à rapprocher de la réputation qu’ont les Français d’un mode de vie plus « relax » que les Américains, par exemple. Enfin, les mots du français sont très souvent plus longs que leurs équivalents anglais.

2. Ne pas « puer » la traduction
La règle d’or pour une traduction, c’est qu’elle doit se lire comme si elle avait été d’emblée rédigée en français, même si elle rend compte d’un fait ou d’une actualité britannique ou américaine. Rien n’est en effet plus désagréable pour un lecteur averti — et votre correcteur le sera — que de voir l’anglais en filigrane. Cela se produit lorsque la syntaxe du français colle à ce point à celle de l’anglais qu’elle n’est plus française. Il faut donc systématiquement se poser la question : « Est-ce qu’on dirait comme ça en français ? » Autrement dit, comment s’exprimerait une idée à traduire si elle était directement formulée par un francophone ? N’hésitez pas à « prononcer dans votre tête » votre traduction pour savoir si elle « sonne » juste.
A ce titre, si le français est menacé de phagocytage, ce n’est pas en raison de l’introduction dans notre langue de nouveaux termes anglais, puisque l’emprunt constitue un processus d’évolution normal pour toute langue. Non, le danger ne se situe pas au niveau du lexique, mais de la syntaxe. Le français aura perdu son identité lorsque sa syntaxe se sera claquée sur celle de l’anglais. C’est ce qui est déjà arrivé au Québec, alors même que les Québécois luttent bec et ongles contre les emprunts lexicaux à l’anglais (« fin de semaine » pour week-end, « magasiner » pour faire du shopping, etc.)


3. Localisation
La localisation d’un texte consiste à l’adapter à la culture correspondant à la langue et/ou au pays cibles. Elle peut s’effectuer par les procédés d’équivalence ou d’adaptation évoqués dans le billet précédent de la présente série.
  • Elle concerne en particulier les références culturelles qui, traduites telles quelles, échapperaient à un lecteur francophone. Par exemple, l’image ci-contre (déjà publiée), qui fait mention de « MED 101 ». Ce « 101 » (prononcé one-o-one), qu’on trouve régulièrement, précédé d’une matière d’enseignement, réelle ou fictive, renvoie au cours d’introduction à celle-ci à l’université (collège), par exemple « Computer Science 101 » ou « Introduction/Initiation à l’informatique ». Dans une traduction, il faudra donc expliciter.
  • Un autre cas particulier est celui des unités de mesures. Il est en effet extrêmement agaçant de trouver dans une traduction des grandeurs exprimées à l’aide de l’imperial system (pouce, pieds, mile, pounds, etc.) ou en degrés Fahrenheit, parce qu’elles sont hermétiques pour un Français, ce qui n’est certainement pas l’objectif d’une bonne traduction. Les unités de mesure anglo-saxonnes sont donc à localiser absolument. C’est pourquoi, vous n’oublierez pas de vous munir d’une calculette pour l’épreuve — en vous assurant bien sûr que son usage est autorisé — pour effectuer les calculs nécessaires à partir du tableau de conversion que propose tout bon dictionnaire bilingue anglais/français, dont celui que vous aurez emporté.
  • A contrario, il ne faut pas non plus enfoncer des portes ouvertes, ni prendre le lecteur pour un ignare, et certaines références, ne serait-ce qu’en raison de la diffusion de la culture anglo-saxonne et, en particulier, américaine, ne nécessitent pas d’explicitation, car elles sont censées êtres compréhensibles telles quelles par le public auquel s’adresse le texte à traduire.