Avant d’aborder certains principes de traduction d’un article médical ou relevant du domaine de la santé, je
voudrais écarter plusieurs idées fausses.
Tout d’abord, une remarque sur le terme version, que vous entendrez sans doute souvent
pour cet exercice : il n’est employé qu’à l’école et à l’université ;
dans le monde réel, dans la sphère professionnelle, on ne parle que de traduction. La version consistant à
traduire d’une langue étrangère vers le français, comment y qualifierait-on le
travail d’un Anglais qui traduirait du chinois ? A ce titre, vous pourrez
sans doute ainsi savoir si votre professeur-e d’anglais est un-e universitaire
ou bien si il ou elle est réellement en prise avec le monde professionnel. Cela
étant, le terme version décrivant un
exercice académique, il n’est pas erroné puisque c’est exactement ce qu’on vous
demande : vos traductions, en S4, ne sont pas destinées à être exploitées
— sauf peut-être pour les perles qu’elles pourraient comporter…
Quand le contexte le demande, les traducteurs professionnels, pour être clairs, parlent donc de langue source (ici l’anglais [EN]) et de langue cible (ici le français [FR]).
Quand le contexte le demande, les traducteurs professionnels, pour être clairs, parlent donc de langue source (ici l’anglais [EN]) et de langue cible (ici le français [FR]).
Pour moi, la seule maxime régissant la traduction n’est pas
le (trop) célère adage italien « traduttore, traditore » (« traducteur =
traître »), tout simplement parce qu’il existe des traductions,
nombreuses, qui sont meilleures que l’original. En fait, c’est presqu’une obligation pour les traductions de
l’anglais vers le français : parce qu’il se traduit de l’anglais des
textes rédigés, de plus en plus, par des scripteurs qui n’ont pas été formés à
l’écriture, mais aussi parce que les normes de style sont plus laxistes en
anglais et que, dans cette langue, la distance étant, la plupart du temps, moins
grande entre l’oral et l’écrit, le traducteur, qui est un professionnel de la langue française, visera évidemment et
nécessairement en français un style plus soutenu.
L’art du traducteur consiste ainsi à déterminer jusqu’à quel point il peut s’éloigner du texte initial sans, justement, le trahir, et c’est là que réside toute la difficulté.
L’art du traducteur consiste ainsi à déterminer jusqu’à quel point il peut s’éloigner du texte initial sans, justement, le trahir, et c’est là que réside toute la difficulté.
Non, le seul précepte global pour la traduction est une
phrase de Nicolas
Boileau, extraite de son Art poétique
(1674) :
« Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
et les mots pour le dire arrivent aisément. »
et les mots pour le dire arrivent aisément. »
Nicolas Boileau |
(Je la préfère d’ailleurs légèrement reformulée ainsi :
« Ce qui se conçoit bien s’énonce
clairement et les mots pour le dire viennent
alors aisément. »
Cet adage vaut, dans les faits, aussi bien pour le texte source que pour la traduction : le traducteur — c’est sont métier — doit être capable de comprendre parfaitement les idées avancées par un texte même boiteux ainsi que de les formuler de manière claire, précise et structurée dans sa langue.
Cet adage vaut, dans les faits, aussi bien pour le texte source que pour la traduction : le traducteur — c’est sont métier — doit être capable de comprendre parfaitement les idées avancées par un texte même boiteux ainsi que de les formuler de manière claire, précise et structurée dans sa langue.
Une autre idée fausse
veut que la traduction, sans doute davantage que la version, soit un exercice
sur l’anglais. Or, comme, votre diplôme en poche, vous ne réaliserez plus
jamais de versions, mais que vous pratiquerez éventuellement la traduction,
vous aurez en réalité à travailler sur
le français. Lorsqu’un texte de départ a été compris, ce qui constitue le
minimum pour tout traducteur digne de ce nom, quelle que soit d’ailleurs la
qualité de ce texte, le gros du travail consiste en effet à le rendre en français le plus fidèlement
possible, mais comme s’il avait été écrit d’emblée dans cette langue, sans
que quiconque puisse deviner a priori qu’il s’agit d’une traduction.
(Quand ce n’est pas le cas, on dit que le résultat « pue la
traduction ».)
Dernière idée fausse : « il suffit de parler ou de
comprendre une langue pour la traduire », ce qui impliquerait que
« n’importe quel quidam baragouinant l’anglais peut traduire un texte dans
cette langue ». Eh bien, non ! La
traduction est un métier, qui exige des années de pratique — non pas, je le
répète, d’apprentissage de l’anglais et, ce que l’on oublie en général, de
familiarisation avec la culture des pays anglophones, mais de peaufinage de son
style français.
C’est pourquoi, avant de tenter quelque traduction que ce soit, il faut absolument s’assurer d’une bonne maîtrise de l’orthographe et de la grammaire du français (lexique et syntaxe, dans la vraie vie) mais aussi de ses règles typographiques. Comptez que j’y renviendrai…
C’est pourquoi, avant de tenter quelque traduction que ce soit, il faut absolument s’assurer d’une bonne maîtrise de l’orthographe et de la grammaire du français (lexique et syntaxe, dans la vraie vie) mais aussi de ses règles typographiques. Comptez que j’y renviendrai…
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