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dimanche 28 septembre 2014

Traduction S4 (13) – Autres exemples

De même que pour le compte rendu en S5, la traduction est un exercice complexe, pour lequel, en dehors des généralités, le processus d’élaboration est difficilement descriptible dans le cas d’un texte précis. Sinon, vous pensez bien que les Google Translate et autres Bing Translator s’en sortiraient beaucoup mieux. Analyser des traductions réalisées par d’autres n’a donc qu’un intérêt limité et ne vous apprendra guère à le faire vous-même.
De même que « c’est en forgeant qu’on devient forgeron », c’est uniquement en s’exerçant à la traduction qu’on devient un bon traducteur, et la théorie trouve très vite ses limites.

Si vous souhaitez néanmoins lire ou analyser des traductions bien faites, je vous conseille celles de l’OMS (WHO pour World Health Organization en anglais). J’en ai en effet parcouru plusieurs et, compte tenu du fait qu’une traduction est toujours perfectible, que les textes de l’OMS n’ont pas vocation littéraire ni marketing et qu’ils sont sans doute à traduire rapidement pour coller à la publication de la version en anglais, ils constituent cependant des exemples fiables.

Voici comment faire :
  1. Trouvez un article qui vous intéresse : rendez-vous sur la page d’accueil EN du site de l’OMS ou bien sur la page de sommaire EN « Health topics » (« Thèmes de santé »).
  2. S’il existe une traduction de l’article en FR, le français s’inscrit en bleu dans la liste des langues, en haut à droite. Dans le cas contraire, le français s’inscrit en gris.
  3. Si la traduction FR existe, faites un clic droit sur le lien « Français » et, dans le menu contextuel qui s’affiche, choisissez « Ouvrir dans une nouvelle fenêtre ». Vous avez ainsi les deux versions côte à côte.
  4. Pour une analyse approfondie, je vous conseille d’ouvrir un document Word vierge, de créer un tableau à deux colonnes et de copier-coller chaque paragraphe EN dans une rangée (de gauche) différente, puis de copier-coller la traduction FR dans la colonne de droite, paragraphe par paragraphe, de façon à ce que chaque paragraphe EN soit bien en face de sa traduction FR. Attention aux traductions où le découpage en paragraphes serait différent. (Ça arrive et c’est normal : voir exemple ci-dessous.)
Exemple :

[…]
[…]
Health sector response
Action du secteur de la santé
A mission briefing with representatives from Member States was held on 5 August at the World Health Organization (WHO). Information about the nature of Ebola virus disease (EVD) was highlighted. This was followed by outlining the essential components for control, including the need for national leadership, improved care and case management, identifying transmission chains and stopping disease spread, and preventing further outbreaks. Among the critical issues are: cross-border infections and travelers; partners reaching the limits of their capacity and ability to respond rapidly, safely, and effectively; and concerns about the socio-economic impact of continued transmission.

Virus Ebola

Une séance d’information à l’intention des missions avec des représentants des États Membres s’est tenue le 5 août à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en mettant en exergue la nature de la maladie à virus Ebola. Les éléments essentiels de la lutte ont ensuite été décrits, notamment la nécessité d’un leadership national, d’améliorer les soins et la prise en charge des cas, d’identifier les chaînes de transmission et d’interrompre la propagation de la maladie, ainsi que d’éviter de nouvelles flambées.

Parmi les problèmes critiques, on note ceux posés par les infections transfrontalières et les voyageurs ; le fait que les partenaires atteignent les limites de leurs capacités et de leurs aptitudes pour répondre rapidement, efficacement et avec sécurité ; et les inquiétudes à propos de l’impact socio-économique qu’à la poursuite de la transmission.
[…]
[…]
Corps du texte : 95 mots.
Corps du texte : 134 mots.

J’ai choisi cet exemple car il est en corrélation avec l’un de mes précédents billets.

samedi 27 septembre 2014

Traduction S4 (12) – Exemple 1

Pour cet exemple, j’ai choisi de partir d’une traduction existante imparfaite —pour ne pas dire mauvaise —, trouvée sur Wikipédia et que j’ai déjà utilisée pour mon billet sur les traducteurs automatiques en ligne, afin de vous montrer comment la réviser/corriger.


Original anglais
Original Wikipédia
Version Wikipédia révisée
One thing though: This story is a great demonstration of my maxim that any headline which ends in a question mark can be answered by the word “no”. The reason why journalists use that style of headline is that they know the story is probably bullshit, and don’t actually have the sources and facts to back it up, but still want to run it.

(64 mots)
Voici une grande démonstration de ma maxime, comme quoi tout titre d'article qui finit par un point d'interrogation peut être répondu par le mot "non". Si des journalistes utilisent ce genre de titres, c'est parce qu'ils savent que leur sujet ne vaut pas tripette, et qu'ils n'ont en fait pas les sources et les faits pour l'étayer, en s'y accrochant malgré tout.

(62 mots)
Ce sujet est une superbe démonstration de ma maxime qui veut que, pour tout article dont le titre se termine par un point d’interrogation, on puisse répondre par la négative à la question ainsi posée. Si les journalistes emploient ce genre de titres interrogatifs, c’est qu’ils savent que leur sujet n’est sans doute que de la foutaise et qu’ils ne disposent en réalité ni des sources, ni des faits pour l’étayer, mais qu’ils n’en veulent pas moins le publier.

(79 mots)

Code couleurs
  • Surlignage en jaune dans l’original anglais : les difficultés inhérentes à ce passage.
  • En rouge dans la traduction originale Wikipédia : ce qu’il faut absolument modifier.
  • En orange dans la traduction originale Wikipédia : ce qu’on peut améliorer.
  • En vert dans la traduction révisée : les points essentiels sur lesquels a porté le travail de révision.
Commentaires
  1. Le fait que la traduction originelle soit très sensiblement de même longueur que l’anglais (62 et 64 mots respectivement) est déjà suspect.
  2. Traduire l’adjectif great par « grand(e) » ne permet pas d’obtenir la bonne connotation. Dans un autre contexte, on aurait pu le rendre par « célèbre », mais il paraîtrait prétentieux que Ian Betteridge qualifie lui-même ainsi sa propre démonstration.
  3. L’expression « comme quoi » appartient au langage parlé. A la place de « qui veut que », on aurait aussi pu employer « en vertu de laquelle ».
  4. Le passif « tout titre d’article […] peut être répondu par non » rend la phrase absolument incorrecte, ne serait-ce que parce qu’on ne répond pas « un article » (COD), mais « à un article » (COI).
  5. Si l’anglais dit volontiers « to answer no » ou « to answer yes », en bon français on dit « répondre par la négative » et « par l’affirmative » respectivement.
  6. Par ailleurs, il semble indispensable en français de préciser « à la question ainsi posée ».
  7. Les verbes utiliser et avoir sont plats. Mieux vaut utiliser des verbes plus recherchés, par exemple employer et disposer de respectivement.
  8. Les journalistes « savent que leur sujet ne vaut pas tripette ». L’adverbe probably dans l’anglais n’a pas été rendu. De plus, l’expression « ne pas valoir tripette », même si elle appartient à un langage plus formel que bullshit (« connerie »), assez vulgaire, reste non seulement en deçà du niveau de langue à atteindre en français, mais n’est qu’une traduction approximative. Le mot foutaise, d’une vulgarité en fait très littéraire, convient beaucoup mieux.
  9. L’expression « en s’y accrochant » n’est pas du tout synonyme de « [they] want to run it » et ne traduit que want.
  10. La révision « ils n’en veulent pas moins le publier » pour « [they] still want to run it » colle parfaitement à l’anglais, mais « ils ne s’en entêtent pas moins » aurait sans doute été meilleur.
  11. Vous noterez l’ajout des charnières ainsi et ne … pas moins.

« Le français, je le parle très mieux que vous...
et je vous merde ! » (Coluche)
Conclusion
Vous avez vu le travail à réaliser sur la traduction d'un texte d’à peine de 64 mots anglais — par quelqu’un qui a eu l’aplomb de la publier sur une encyclopédie (participative certes, mais quand même).
J’ai ainsi compté pas moins de sept corrections. Sachant 1) que le texte que vous aurez à traduire comptera, selon la durée de l’épreuve et la gentillesse de celui ou celle qui en fournit le sujet, de 150 à 300 mots et 2) que le décompte des mots sera donc en français de 165 à 375 en vertu du principe de foisonnement, petit exercice de calcul de dose : combien de passages de votre traduction votre correcteur aura-t-il potentiellement l’occasion de souligner d’un trait ondulé rouge ou de barrer rageusement ?
Tout ça pour redire une fois de plus que la traduction est un exercice difficile, qui n’est pas à prendre à la légère, qui exige un grand sens (auto-)critique et auquel il faut s’exercer.

mercredi 17 septembre 2014

Traduction S4 (9) – Orthographe et grammaire du français

Je l’ai déjà dit, la version est avant tout un exercice sur le français. Il s’agit essentiellement d’un travail sur la forme. J’ai donc jugé qu’il n’était pas inutile de vous donner quelques règles et principes de rédaction dans notre langue. Ceux-ci vous serviront également en S6, pour votre travail de fin d’études (TFE).
Pourquoi ? Chaque faute d’orthographe ou de grammaire, chaque répétition, chaque phrase ou partie de phrase bancale voire chaque erreur de typographie risque d’arrêter l’œil du correcteur et donc de l’agacer, quand bien même votre traduction prouverait que vous avez compris le texte. A l’inverse, une prose fluide, exempte de défauts dans sa forme, qui se lit sans anicroches, a toutes les chances de dissimuler les défauts qu’elle comporterait par ailleurs : plus l’œil du correcteur va s’arrêter sur la forme, plus il aura d’occasions de remarquer les défauts de fond.
Bien entendu, soigner votre orthographe ne se limite pas à vos études.

Voici les fautes qui ont toutes les chances d’agacer le plus le correcteur :
  • Accords. Vous l’avez appris, vous le savez, les adjectifs s’accordent en genre et en nombre avec les substantifs dont ils dépendent et les verbes sont à conjuguer au pluriel quand le sujet l’est aussi. Honnêtement, est-ce plus compliqué que de faire une piqûre ?
  • Participes passés. Les modalités d’accord du participe passé après les auxiliaires être et avoir représentent l’une des difficultés les plus épineuses du français. Elles ne sont pourtant pas hors de votre portée, et un accord de ce type vous vaudra sans doute, s’il est juste, la bienveillance du correcteur. A contrario, le correcteur pourrait interpréter les erreurs de ce type comme votre incapacité à apprendre une procédure (ici, une règle de grammaire à appliquer) et à la mettre en œuvre, ce qui est, vous l’avouerez, gênant pour un·e futur·e infirmier/ère.
  • Accents. Vous le savez sans doute, une erreur sur les couple [a, à] et [ou, où] est considérée comme une erreur de grammaire, donc comme une faute grave. Pour l’accentuation des e (aigus ou graves : é vs. è), si vous hésitez, évitez de tricher avec un ē (avec macron) : ça se voit. Les fautes d’accentuation qui vous seront le plus facilement pardonnées sont celles qui font intervenir l’accent circonflexe.

Fautes en vrac
Du général au particulier pour ce qu’il ne faut pas faire, Le Parisien a établi « Le top 10 des fautes de français » et un bloggeur a recensé « les 77 fautes d'orthographe les plus courantes dans les CV et les lettres de motivation ». Si vous appréciez ce genre de florilèges, je vous conseille aussi les pages « Quelques fautes de français fréquentes » et « Quelques fautes courantes de français ».

Révisions
Je vous propose des ressources pour réviser l’orthographe et la grammaire du français, en particulier l’accord du participe passé.

Correcteurs orthographiques et grammaticaux
A lire aussi : « Méfiez-vous des correcteurs d’orthographe » (article du Parisien).
La plupart du temps, j’imagine, vous devrez rédiger votre traduction à la main lors de l’épreuve — ce qui n’est pas très judicieux puisque vous écrirez essentiellement sur ordinateur durant vos stages et un fois en poste. Au cas où ce ne serait pas le cas ainsi que pour vos éventuels exercices chez vous, n’oubliez pas de faire usage du correcteur orthographique et grammatical de votre traitement de textes, en le paramétrant pour qu’il repère les (éventuelles) erreurs au fur et à mesure de la frappe.
La correction automatique a notamment l’avantage de modifier sans intervention de votre part oe en œ (e dans l’o), comme dans cœur, manœuvre, etc. Cette ligature particulière au français, dans sa version minuscule comme majuscule (Œ), doit toujours s’écrire sous la forme d’un seul et même caractère.   
Attention cependant aux corrections automatiques non sollicitées : si l’on peut apprécier qu’un correcteur change de lui-même une minuscule en capitale en début de phrase, on se méfiera néanmoins des corrections automatiques sauvages, effectuée sans prévenir, car on risque vraiment de ne pas les voir. (Le correcteur de MS Word aime bien faire cette plaisanterie de temps à autres.)
 
Si cet outil est effectivement un life-saver, n’oubliez cependant pas qu’il ne dispense aucunement de connaître l’orthographe et, surtout, la grammaire : il ne faut considérer les corrections qu’il vous propose que comme des propositions, le cas échéant à rejeter. Pensez aussi qu’en grammaire, particulièrement, il est loin de tout voir. Ce qui nous amène au point suivant :
 

Relecture
Que votre traduction finalisée soit manuscrite ou « tapuscrite », il faut absolument la relire au moins deux fois : une fois pour l’orthographe et grammaire ; une seconde fois pour le sens et la syntaxe.
De plus, si vous travaillez sur ordinateur, il faut impérativement faire au moins une relecture sur impression papier, car on voit beaucoup moins les défauts d’un texte sur écran.

samedi 13 septembre 2014

Traduction S4 (8) – Principes pratiques

Au travers de ce billet, je vous propose d’aborder quelques principes pratiques en matière de traduction.

1. Foisonnement
Le terme foisonnement renvoie au fait qu’une traduction est presque systématiquement plus longue que l’original, que ce soit en nombre de mots (wordcount en anglais) ou de signes. En l’occurrence, cette augmentation peut aller jusqu’à 25 % de l’anglais vers le français, du moins en théorie, et se situe rarement en dessous de 15 %.
On pourrait donc imaginer qu’une traduction dans le sens inverse, c’est-à-dire du français vers l’anglais soit plus courte. Or il n’en est rien, puisqu’on table alors sur un taux foisonnement de 10 à 15 %.
Quelle importance pour vous ? Ce que vous devez retenir, c’est que, si votre traduction vous semble plus longue que l’original, voire trop longue, c’est normal et, que si elle ne l’était pas, c’est que quelque chose clocherait.
Et comment ça se fait ? Comme le montre l’exemple de la traduction du français vers l’anglais, il semble que le simple passage d’une langue à une autre rallonge le texte. On constatera aussi que le français a tendance à « s’écouter parler » et qu’un discours plus verbeux en français, qui prend son temps, n’est pas un défaut, mais plutôt une qualité. Ce phénomène est à rapprocher de la réputation qu’ont les Français d’un mode de vie plus « relax » que les Américains, par exemple. Enfin, les mots du français sont très souvent plus longs que leurs équivalents anglais.

2. Ne pas « puer » la traduction
La règle d’or pour une traduction, c’est qu’elle doit se lire comme si elle avait été d’emblée rédigée en français, même si elle rend compte d’un fait ou d’une actualité britannique ou américaine. Rien n’est en effet plus désagréable pour un lecteur averti — et votre correcteur le sera — que de voir l’anglais en filigrane. Cela se produit lorsque la syntaxe du français colle à ce point à celle de l’anglais qu’elle n’est plus française. Il faut donc systématiquement se poser la question : « Est-ce qu’on dirait comme ça en français ? » Autrement dit, comment s’exprimerait une idée à traduire si elle était directement formulée par un francophone ? N’hésitez pas à « prononcer dans votre tête » votre traduction pour savoir si elle « sonne » juste.
A ce titre, si le français est menacé de phagocytage, ce n’est pas en raison de l’introduction dans notre langue de nouveaux termes anglais, puisque l’emprunt constitue un processus d’évolution normal pour toute langue. Non, le danger ne se situe pas au niveau du lexique, mais de la syntaxe. Le français aura perdu son identité lorsque sa syntaxe se sera claquée sur celle de l’anglais. C’est ce qui est déjà arrivé au Québec, alors même que les Québécois luttent bec et ongles contre les emprunts lexicaux à l’anglais (« fin de semaine » pour week-end, « magasiner » pour faire du shopping, etc.)


3. Localisation
La localisation d’un texte consiste à l’adapter à la culture correspondant à la langue et/ou au pays cibles. Elle peut s’effectuer par les procédés d’équivalence ou d’adaptation évoqués dans le billet précédent de la présente série.
  • Elle concerne en particulier les références culturelles qui, traduites telles quelles, échapperaient à un lecteur francophone. Par exemple, l’image ci-contre (déjà publiée), qui fait mention de « MED 101 ». Ce « 101 » (prononcé one-o-one), qu’on trouve régulièrement, précédé d’une matière d’enseignement, réelle ou fictive, renvoie au cours d’introduction à celle-ci à l’université (collège), par exemple « Computer Science 101 » ou « Introduction/Initiation à l’informatique ». Dans une traduction, il faudra donc expliciter.
  • Un autre cas particulier est celui des unités de mesures. Il est en effet extrêmement agaçant de trouver dans une traduction des grandeurs exprimées à l’aide de l’imperial system (pouce, pieds, mile, pounds, etc.) ou en degrés Fahrenheit, parce qu’elles sont hermétiques pour un Français, ce qui n’est certainement pas l’objectif d’une bonne traduction. Les unités de mesure anglo-saxonnes sont donc à localiser absolument. C’est pourquoi, vous n’oublierez pas de vous munir d’une calculette pour l’épreuve — en vous assurant bien sûr que son usage est autorisé — pour effectuer les calculs nécessaires à partir du tableau de conversion que propose tout bon dictionnaire bilingue anglais/français, dont celui que vous aurez emporté.
  • A contrario, il ne faut pas non plus enfoncer des portes ouvertes, ni prendre le lecteur pour un ignare, et certaines références, ne serait-ce qu’en raison de la diffusion de la culture anglo-saxonne et, en particulier, américaine, ne nécessitent pas d’explicitation, car elles sont censées êtres compréhensibles telles quelles par le public auquel s’adresse le texte à traduire.

mercredi 10 septembre 2014

Traduction S4 (7) – Procédés de traduction

Les procédés techniques auxquels se ramène la démarche du traducteur sont principalement au nombre de sept, qui se répartissent entre la traduction directe (mot-à-mot) et la traduction oblique.

C’est évidemment la traduction oblique qui nous intéresse ici. Les procédés correspondants ne sont certainement pas à apprendre par cœur, et ce billet vaut surtout pour les exemples qu’il fournit.

Procédés de traduction oblique
Transposition
Il s’agit de remplacer une catégorie grammaticale par une autre sans changer le sens de l'énoncé.
Exemple 1 :
groupe nominal → verbe
She had a blood transfusion.
Elle a été transfusée.
Exemple 2 :
préposition → verbe.
She hurried into the patient’s room.
Elle se dépêcha d’entrer dans la chambre du patient.
Cas particulier : étoffement (ou amplification)
Il s’agit d’étoffer l’énoncé dans la langue cible par l’ajout de mots, souvent pour traduire des prépositions.
Exemple 1
The patient has a rash on his elbow.
Le patient a une éruption au niveau du coude.
Exemple 2
The doctor told him to cut down on the alcohol.
Le médecin lui a dit de réduire sa consommation d’alcool.
Cas particulier : chassé-croisé
Permutation des signifiés et changement de catégorie. Double transposition qui, d’une langue à l’autre, inverse l’ordre d’apparition de deux unités sémantiques.
Exemple 1
They raced through the streets.
Ils parcoururent les rues à toute vitesse.
Exemple 2
He swam across the Channel.
Il traversa la Manche à la nage.
Modulation
Reformulation en adoptant un point de vie différent.
Exemple 1
It’s not unusual to have hearing problems when getting older.
Il est fréquent d’avoir des problèmes d’audition avec l’âge.
Exemple 2
Make sure you take your medicine every day.
N’oubliez pas de prendre vos médicaments tous les jours.
Exemple 3
He was given a sulfur-based treatment.
Il a reçu un traitement à base de soufre.
Equivalence
Procédé par lequel on rend compte de la même situation que dans l'original, en ayant recours à une rédaction entièrement différente, par exemple pour les proverbes.
Exemple 1
Take care.
A bientôt.
Exemple 2
at the end of the day
en fin de compte
Exemple 3
Don’t judge a book by its cover.
L’habit ne fait pas le moine.
Adaptation
Procédé par lequel le traducteur remplace la réalité sociale ou culturelle du texte de départ par une réalité correspondante dans le texte d'arrivée.
Exemple 1
fish & chips
steak-frites
Exemple 2
He kissed his daughter on the mouth.
Il serra tendrement sa fille dans ses bras.
  1. primary care centers
  2. secondary care centers
  3. tertiary care centers

  1. centres de dépistage
  2. centres de traitement et d’examen
  3. hôpitaux et centres de soins spécialisés



Recherche indispensable d'une équivalence
Outre l’article de Wikipédia sur les procédés de traduction de l’anglais en français, dont le lien figure aussi au début de ce billet, je vous propose aussi de découvrir une liste très complète des cas de transposition (qui sont, là encore, plus à voir comme des exemples de traductions de l’anglais vers le français que comme une liste de procédés à apprendre par cœur). Pour aller encore plus loin, vous pourrez aussi explorer une liste affinée de certains procédés de traduction, avec leur définition et des exemples, ces derniers étant ce qui doit retenir votre attention.

samedi 6 septembre 2014

Traduction S4 (6) – Ce qu’il ne faut pas faire

Il s’agit toujours de méthodologie, bien entendu, mais, je me positionne ici a contrario de mes deux précédents billets. De plus, vous l’avouerez, « Ce qu’il ne faut pas faire » est quand même plus accrocheur…
Si certaines erreurs sont d’évidence à éviter en traduction, d’autres sont en revanche plus subtiles, mais relèvent néanmoins du bon sens. Dans tous les cas, si vous hésitez entre deux parti-pris de traduction, appliquez toujours ce même bon sens.

1. Plusieurs traductions ou aucune
Rien n’est plus agaçant pour le correcteur que de trouver dans une copie plusieurs traductions d’un mot ou d’une expression : ce n’est pas à lui ou à elle de choisir, c’est à vous.
A l’oral, en revanche, certains correcteurs verront d’un bon œil que vous moduliez votre traduction — à condition qu’elles soient toutes justes, évidemment : vous avez compris qu’il n’existe pas qu’une seule traduction et vous le montrez ; vous explicitez votre cheminement intellectuel ; vous affichez votre maîtrise du français.
De même, si vous hésitez sur une traduction, ne laissez surtout pas l’anglais et ne montrez pas votre hésitation (avec un point d’interrogation entre parenthèses, par exemple). Il faut proposer une traduction et l’assumer ; c’est le but du jeu.

2. Omission
Le référentiel prévoit la traduction d’un texte de 300 mots environ. C’est un minimum pour n’importe quel texte qui n’est pas une simple notice, autrement dit qui explique, qui donne un avis ou qui rend compte. Il ne faut donc pas « oublier » (volontairement ou non) de traduire un mot, une expression, une phrase ou un paragraphe, pour quelque motif que ce soit : le correcteur aurait toutes les raisons de vous sanctionner lourdement.



3. Ajouts
Dans votre traduction, n’ajoutez aucune information qui ne figure pas dans le texte original, sauf si elle est nécessaire ou utile à sa compréhension (fait culturel, par exemple). Vous n’avez pas à interpréter le texte au-delà des informations qu’il fournit.

4. Faux-sens
C’est une déviation du sens d’un mot, d’une expression ou d’une phrase. Il s’agit, par exemple, de tomber dans le piège d’un faux ami. Etant donné que l’exercice de la version doit démontrer votre compréhension du texte, évitez tout faux-sens, quitte à donner une traduction maladroite. En particulier, prenez garde aux faux-amis.

5. Contresens
Il s’agit de l’erreur de traduction la plus grave puisque vous dites ou écrivez le contraire de ce que signifie le texte, vous en prenez le contrepied. Imaginez que, travaillant dans un service hospitalier, vous traduisiez un texte comportant par exemple des consignes à respecter et que votre traduction indique l’opposé de ce qu’il faut faire. Vous comprendrez que c’est dangereux.

6. Utilisation du passé simple
En français, aujourd’hui, l’usage du passé simple est strictement réservé aux textes littéraire. Il n’a absolument pas sa place dans la traduction d’un texte journalistique ou technique. En l’utilisant, vous démontreriez que vous lisez tellement peu d’articles en français relatif à la santé que vous ne vous en êtes même pas aperçu·e.


7. Prendre le texte pour argent comptant
Surtout depuis l’avènement de l’Internet, tout le monde et son voisin se targue soudain d’écrire pour être lu, et on trouve quantité de prose rédigée par des gens qui n’ont pas appris à écrire. Même si c’est peut-être moins vrai en anglais qu’en français — les cours d’écriture sont plus courants aux Etats-Unis, par exemple — et même si le sujet de votre évaluation aura été, il faut l’espérer, choisi sans anomalies, vous y trouverez peut-être des coquilles, des erreurs de syntaxe voire des problèmes de logique. Il s’agit, après tout, d’un texte dit « authentique », y compris dans le sens de « brut de décoffrage ». Ne reprenez pas ces défauts dans votre traduction, ne tombez pas dans le piège qu’ils peuvent vous tendre et signalez-les éventuellement si l’épreuve est orale.



Dans l’esprit de « ce qu’il ne faut pas faire » en traduction, pour rire un peu (jaune, en fait), n’hésitez pas à consulter la page Facebook « Traductions de merde », dont les publications m’amusent toujours beaucoup et qui sont de parfaits exemples de catastrophes traductologiques, sans doute produites la plupart du temps par un système de traduction automatique.